Mon recueil de nouvelles
Comment mon projet d'écriture est-il né ? À quoi ressemble-t-il en ce début d'année ? Et surtout... quand est-ce que je compte le terminer ?
Jeudi 16 janvier, 22h44. Je réfléchis vaguement à ce que je vais bien pouvoir publier comme newsletter ce dimanche, parce que c’est très simple : je n’ai pas écrit une ligne. L’idée de faire un roman-photo d’hiver est bien là, dans un coin, mais rien qu’à l’idée de devoir passer un temps infini à réunir et sélectionner mes photos…
Et puis, tout à coup, l’idée jaillit. J’essaie de remettre l’écriture à plus tard (il faut que je dorme), mais l’idée est là, et je sais que si je l’ignore, je ne dormirai pas. Je vais chercher mon ordinateur et j’écris cette introduction à un article qu’il me tarde de rédiger : « Mon recueil de nouvelles ». Cet objet que j’évoque depuis bientôt un an, d’abord sur Instagram (réseau délaissé depuis), puis sur Youtube, et enfin ici, quand je vous en partage des morceaux abandonnés… Cet objet dont pourtant je n’ai jamais conté l’histoire et dont j’ai besoin, peut-être, de conter l’histoire pour continuer d’avancer dans son écriture – parce que, non, je n’y ai pas touché depuis ce 9 novembre où je vous annonçais que j’avais terminé l’écriture de mon antépénultième nouvelle…

1. Genèse
En septembre 2022, je tombe sur un concours d’écriture ; son thème : « Métamorphose ». Dans l’optique de faire quelque chose de mon écriture, je décide d’écrire une nouvelle à partir de ce thème, ayant pour ambition de l’envoyer au jury du concours. Je commence cet exercice d’écriture qui deviendra le point de départ d’un recueil que je n’imagine pas encore.
21/09 16H1
roman.
intercaler chapitres « cauchemars » écrits comme des scènes de théâtre / didascalie liminaire.
Chapitres qui suivent roman traditionnel en « je » avec méditations tirant de ces thèmes, comme un rêve/cauchemar peut habiter un esprit toute une journée, voire toute une vie.
jeudi 22 septembre. 4PM
Scène 1. Automne (démembrement2)
[…]
Scène 2. Hiver (scène nuit, statues, étoiles)
[…]
Scène 3. Printemps (promenade lune)
[…]
Scène 4. Été – “mad naked summer nights”
L’idée de départ était donc d’écrire un roman en quatre parties, entre lesquelles seraient intercalés des cauchemars (ndlr; je fais des cauchemars assez…inquiétants et je m’en souviens toujours très vivement). Je ne sais plus vraiment si j’avais un projet narratif pour ce roman, ou si je voulais faire un roman simplement pour faire un roman. Quoiqu’il en soit, et très lentement, la nouvelle prend forme et le projet initial de roman devient un projet de recueil. Ou, plus précisément, les deux projets se mêlent :
mardi 18 avril
dans *** [Titre du recueil], ajouter nouvelle « Métamorphose3 » + réécriture de Pygmalion & Galatée [ici je développe une idée de nouvelle que j’avais complètement oubliée et que je vais m’empresser d’ajouter à la structure du recueil]
vendredi 26 mai
J’ai écrit deux nouveaux chapitres pour « Métamorphose » hier soir. Je n’arrive décidément pas à écrire de longs chapitres, peut-être parce que l’histoire n’est constituée que de quelques évènements simples, qu’elle correspond à la longueur d’une nouvelle. Mais ça me frustre et j’espère pouvoir écrire un roman un jour. Peut-être mes personnages sont-ils ici trop allégoriques pour la profondeur psychologique du genre romanesque.
Parce que je prépare l’agrégation en même temps, cette première nouvelle prend trèèès longtemps à s’écrire. Je ne sais pas tout à fait quand je l’ai terminée, mais je consacre 2023 à cette nouvelle et à beaucoup de poèmes, dans des formes bien plus expérimentales que celles de mon premier recueil, Valses étranglées, soupirs argentés.
Enfin, c’est en 2024 que je décide de m’engager sérieusement dans l’écriture :
jeudi 14 mars
À présent que mon projet de thèse est (temporairement) terminé, je souhaite de tout mon cœur reprendre l’écriture de ***. J’ai le sentiment que ça pourrait être génial. Mais il faut que j’y travaille, pour de vrai ; que je le sorte de ma tête.
Avec ce sursaut d’écriture, les idées de nouvelles se multiplient. Mon deuxième gros morceau d’écriture est une nouvelle en trois actes, dont j’ai parlé dans une vidéo :
J’ai retrouvé cette note, où je décris la première nouvelle que je vous avais partagée ici, « Interlude ».
samedi 4 mai (2024) : Écrire une nouvelle sur un personnage qui rentre du travail, comme tous les jours, s’installe dans son fauteuil pour lire, comme tous les jours, reçoit une notification, commence à “scroller” sur son téléphone puis petit à petit est aspiré par un trou noir de “contenu” insignifiant → les phrases écrites dans les vidéos perdent leurs guillemets et deviennent le texte lui-même jusqu’à ce que plus rien ne fasse sens et que le texte parte en morceaux.
Au milieu de ce bouillonnement, l’idée initiale des cauchemars est restée : la plupart des nouvelles de ce recueil sont tirées de cauchemars que j’ai réellement faits, et que j’ai voulu mettre en texte. Finalement, la nouvelle « Métamorphose » est une des rares à avoir été construite de toutes pièces, c’est-à-dire écrite au fur et à mesure de l’écriture, sans histoire préexistante.
2. Cheminement
Alors, où en est ce recueil aujourd’hui ?
Sans vous dévoiler les titres, voilà à quoi ressemble pour l’instant la structure du livre (je barre les textes déjà rédigés) :
Scène 1MétamorphoseNouvelle 2 (celle en trois actes)Nouvelle 3.1PoèmeNouvelle 3.2 (rédaction entamée)
Nouvelle 4
Nouvelle 5 (la réécriture de Pygmalion & Galatée)
Scène 2
Bon, pour vous, ça ne signifie pas grand chose, mais bon… si vous me lisez encore, c’est que ça vous intéresse un peu.
Avec la nouvelle 5 que je viens d’ajouter, il me reste donc trois nouvelles à écrire. Je m’étais mise en tête que j’allais enchaîner l’écriture de la 3.1 avec celle de la 3.2, qui en est la suite logique, mais j’ai l’impression que cette décision fait partie des facteurs qui m’ont éloignée de ce recueil pendant ces mois d’hiver. J’avais besoin de sortir un peu de cette histoire – ça m’apprendra à écrire des textes horrifiques – avant de m’y replonger et d’en écrire le dénouement, qui est absolument horrible, comme vous vous en doutez. (Je ne sais pas encore si je dois remercier ou blâmer mon cerveau de me donner de tels cauchemars.)
En plein milieu de la nouvelle 3.1, je me suis aussi mise à écrire à la main. J’ai imprimé mon recueil inachevé, dans une terreur de le voir disparaître de mon Cloud du jour au lendemain (on n’est jamais trop prudent.e), et je l’ai continué à la main, ce qui m’a rendue étrangement plus prolifique – ma constante volonté de passer le moins de temps possible devant un écran, le fait de ne pas voir combien de mots j’écris et la perte du réflexe de relecture aidant beaucoup. Je ne sais pas exactement combien j’ai écrit, bien que je me doute que ça ne donne pas beaucoup tapé à l’ordinateur : mon style est très dense, tout est souvent court et resserré (d’où, peut-être, mon goût pour la poésie, que je lis très peu mais écris assez naturellement). J’admire énormément les auteurs qui parviennent à pondre des tartines où chaque mot reste génial et où tout tient parfaitement ensemble (Dostoïevski ❤️).
Tout ça pour dire : il faut que je m’y remette.
Pour cette année, je me donne donc pour objectif d’écrire ces trois dernières nouvelles, sans m’imposer de rythme quelconque (puisque je ne le suivrai pas) ou de date butoir. Dans l’idéal, j’aimerais écrire au moins trois fois par semaine, que ce soit pendant 5 minutes ou pendant 2 heures, l’essentiel étant que je me penche régulièrement sur ce manuscrit qui traîne sur mon bureau. Et quand je dis trois fois par semaine, je ne me confine pas du tout à l’espace de ce recueil : dans “écrire”, je compte les poèmes, les bouts de fiction improvisés, et même l’écriture de cette newsletter. Tout ce qui est plus travaillé que l’alimentation quotidienne de mon carnet4.
3. …et après ?
Plus que l’achèvement de ce recueil (qui me tient évidemment très à cœur), c’est le projet d’écriture qui suivra qui me motive à intensifier mon rythme. Après mon “recueil de cauchemars”, j’ai pour ambition d’écrire un roman, un vrai, situé dans le même “monde” que la nouvelle 2. C’est un monde qui me suit depuis très, très, longtemps (depuis l’enfance, tout simplement), et que je trépigne d’impatience de mettre en mots. Dieu sait que je déteste la manière dont le marketing a modifié notre rapport à la littérature5, mais en gros, c’est un roman un peu dystopique / fantasy / probablement horreur, me connaissant. (J’en reparlerai plus longuement quand le moment sera venu.)
Maintenant que vous savez tout, je vous encourage vivement à me demander fréquemment des nouvelles du recueil, quitte à me harceler, parce qu’il faut arrêter de déconner à un moment donné.

Littérairement vôtre (et pétrie de tristesse par la mort de David Lynch dont je ne me remettrai jamais),
Ève
J’ai retrouvé, parsemées dans mon carnet, toutes mes réflexions et tâtonnements au sujet de ce recueil, qui avait son titre très tôt. Ce sont ces notes que je vous partage aujourd’hui (j’ai une très grande passion pour les journaux d’écriture, que je trouve toujours fascinants. Je rêve d’en publier un un jour ; en attendant, prenez ces quelques morceaux comme un aperçu.)
Le fait que je sache EXACTEMENT à quel cauchemar ce mot fait référence…
La nouvelle a eu dès le début un titre différent du sujet du concours, mais pour ne pas trop vous en dévoiler, je vous propose que l’on garde ce titre-là pour l’article.
Ça, on en parle dans une prochaine lettre.
Et est-ce que je ne devrais pas faire un article là-dessus…..???? Au lieu de raconter ma vie tout le temps…
J’ai vu Bani-chan, ma hype a crevé la stratosphère
Merci Ève de nous partager tes avancements sur ce beau projet d'écriture, c'est passionnant à découvrir !