Roman-photo, hiver 2024
Florilège de nouvelles sur mes lectures, ma thèse (j’ai donné ma première conférence!) et mon déménagement.

Lundi 2 décembre, 19h16. Après une journée passée à préparer mes cours, je me rends à mon cours de natation synchronisée (sport que je pratique depuis… très longtemps). La nuit est tombée, les gouttes de pluies éclatent sur le pare-brise et j’écoute un album qui m’obsède : satan’s fairy de Swaayve. Une rencontre entre rap et rock, très mélancolique. Je prends une photo en me disant que ce moment est trop beau pour être oublié.
Mercredi 4 décembre, 12h15. Comme tous les mercredi, je retrouve une amie pour déjeuner et travailler à la bibliothèque universitaire. La journée sera longue : après avoir donné trois heures de cours le matin, je m’apprête à passer l’après-midi sur une conférence que je donnerai la semaine d’après (ma première conférence!). Je m’octroie donc le plaisir d’un Coca Zéro pour me réveiller (plaisir extrêmement rare, car je boycott, mais simple).
Jeudi 5 décembre, 10h25. Avec mon habituel petit-déjeuner (socca + tomate + thé noir), je continue ma lecture du Meneur de louves de Rachilde. Ce livre aura été une de mes révélations de l’année1 : roman historique, il raconte l’histoire d’Harog, chasseur, et de Basine, jeune princesse envoyée au couvent par son père après une agression sexuelle. Harog et Basine, chacun de leur côté, vont mener leur guerre contre cet enfermement vécu comme un injuste châtiment ; mais la violence deviendra vite insoutenable et ils ne cesseront de s’y opposer. C’est un très beau livre sur l’amour (des animaux, des êtres humains, de la paix), sur la violence qui déborde et sur la beauté de ne pas y succomber.
Vendredi 6 décembre, 8h23. Ayant passé la semaine entre préparation de cours et de ma conférence (dont j’ai terminé la deuxième version la veille), je m’octroie une journée sans travail. Sous un beau lever de soleil comme on en a souvent en hiver, je vais à la gare pour passer la journée chez une amie. Après une ou deux heures passées à la salle de sport à faire tous les exercices possibles et imaginables, on fera des activités, ne me demandez pas lesquelles, j’ai complètement oublié. Le soir, je vais voir Anora au cinéma, film plutôt appréciable sur le moment mais qui a… beaucoup de limites. L’humour est parfois plus que douteux, et l’image certes réussie ne rattrape pas la vacuité totale laissée au personnage éponyme dans la seconde moitié du film.
Lundi 9 décembre, 15h41. Retour au travail, avec la caméra que j’utilise pour filmer les vlogmas. Après avoir corrigé des dissertations (exercice interminable et très désagréable), je profite d’être rentrée chez moi avant la natation synchronisée pour me pencher sur ma conférence :
Mercredi 11 décembre, 15h55. Le temps est enfin venu de monter à Paris pour participer à mon tout premier colloque. Ma conférence portera sur un sujet déjà abordé en vidéo (de façon plus superficielle, bien entendu) : Quand j’étais jeune, l’autobiographie de Rachilde. Je profite du voyage en train pour lire un autre livre de Rachilde, Madame Adonis, qui finalement ne m’a pas plu tant que ça – je lui préfère largement Monsieur Vénus.
Cet article approche de la longueur limite des mails. Si la fin ne s’affiche pas, je vous invite à le lire en ligne.
Dimanche 15 décembre, 14h08. À Paris, je reste chez mon frère, grand fanatique de Mubi (probablement notre plus gros point commun). Ce dimanche, on déjeune donc en regardant un film que je souhaitais voir depuis trèèès longtemps : Only Lovers Left Alive de Jim Jarmusch. Je vous ai déjà confessé mon amour pour les films de vampire2, et celui-là est de loin le meilleur : c’est un film très atmosphérique (très dark academia pour celleux qui savent), avec une musique d’une beauté presque irréelle et des personnages dont l’amour transcende tout. À voir absolument – si vous n’avez pas peur des films prétentieux.
Mardi 17 décembre, 9h09. Alors que l’on s’apprête, mon frère et moi, à prendre le train pour rejoindre Le Sud™️, Paris se pare d’un épais nuage rose, ambiance barbapapa dans le ciel. Avant le départ, mon frère s’empresse de mettre sur son enceinte Ciao Paris, une chanson de La Femme qui, dans ce contexte, est vraiment hilarante.
Mercredi 18 décembre, 17h34. Enfin de retour au soleil, on reprend les bonnes habitudes : après avoir donné cours le matin, je passe l’après-midi avec des ami.e.s et on finit, bien évidemment, par s’installer en terrasse. J’ai emmené avec moi un morceau de la capitale, puisque je lis Madame de Lydone, assassin, un roman de Rachilde (pour changer) que j’ai emprunté à la bibliothèque de l’ENS.
Vendredi 20 décembre, 14h37. Ça y est : tous les papiers sont signés, j’ai obtenu les clefs, je peux enfin emménager dans mon nouvel appartement. Pour fêter ça, j’inaugure mes premiers sushis dans l’appart avec une amie – découvrant, accessoirement, les meilleurs sushis de la ville. On passe l’après-midi à faire un peu de shopping, et je pare ma salle de bain vide de l’objet manifestement le plus important : un parfum d’intérieur à la vanille. Car j’ai le sens des priorités. N’est-ce pas ?
Dans les jours qui suivent, je continue d’installer des éléments essentiels, notamment ces magnifiques rideaux en dentelle Ikea et un canapé incroyable trouvé sur Leboncoin :
Mardi 24 décembre, 20h53. Je ne pense pas que vous ayez besoin de beaucoup d’explications pour cette photo-là… Mais tout de même : toute une branche de ma famille produit de la Clairette de Die (l’alcool supérieur, je dis ça très objectivement et pas du tout parce que j’ai baigné dedans) et ils décident cette année de nous donner la recette de leur nouveau cocktail (je crois que j’ai le droit de la divulguer… si non, ma grand-mère s’empressera de m’envoyer un mail) : une tranche d’orange, une tranche de citron, deux glaçons et la Clairette versée dessus. Ça n’a l’air de rien dit comme ça mais je me contenterai de vous dire que ce soir-là la Clairette a coulé à flot (encore plus que les autres années).
Mercredi 25 décembre, 16h45. L’heure de la sieste pour les enfants qui n’ont pas assez dormi et les adultes3 qui ont besoin de plus de temps pour encaisser la forte consommation de Clairette. J’en profite pour aller me promener dehors, mais je me rends vite compte que l’hiver dans le centre de la France est bien différent de l’hiver dans le Sud : autant vous dire que je me les caille et que mon petit pull de sudiste n’est pas bien utile. Je rentre au bout de dix minutes, mais j’aurais au moins eu la satisfaction de marcher dans la neige et d’entendre son bruit quand elle s’écrase sous mes bottes.
Jeudi 26 décembre, 11h32. Je commence Venus in Furs de Sacher-Masoch, le livre qui signe l’invention du mot « masochisme ». L’histoire d’un homme qui a des penchants… 🥁🥁🥁 …masochistes. J’ai adoré ce livre qui était admirablement bien écrit et plein des thèmes que j’adore en littérature (de la femme fatale en veux-tu en voilà, le couple faute-honte, des perversions, de la peinture…).
Vendredi 27 décembre, 15h34. Retour dans le Sud, en voiture. Décembre prend fin et il est temps pour moi de commencer ma « nouvelle vie » :
Quelques jours plus tard, mon chat peut enfin me rejoindre :
Alors, sous quel signe ai-je placé ma nouvelle année ?
Mardi 31 décembre, 17h12. Sous le signe, d’abord, de la lecture, mais pas de n’importe laquelle : dans le bus pour me rendre chez mon amie, chez qui on fête le nouvel an, je commence pour la troisième fois la lecture de mon livre préféré de tous les temps, Le Désespéré de Léon Bloy. Rien de mieux qu’une valeur sûre pour commencer une bonne année de lecture. Bon, pas sûre que je le recommande à tout le monde, parce que c’est très (très) exigeant et empli de pamphlets, mais j’ai beau le relire je ne parviens pas à me lasser de ce style tout juste époustouflant.
Mercredi 1er janvier, 16h26. Après une nuit de deux heures (😵💫), je décide de faire un détour par la mer avant de rentrer chez moi (je vous ai dit que j’avais un nouvel appartement ?). C’est le cadre parfait pour ouvrir mon carnet, sortir mon nouveau stylo plume reçu à Noël (merci maman) et faire mon petit bilan de l’année.
J’en profite pour donner mon avis sur les résolutions, que personne n’a demandé : toute bonne résolution commence par « continuer à… ». Je vois souvent les gens se plaindre de la non-efficacité des résolutions, de leur côté tristement éphémère, et je ne pense pas que ce soit toujours un problème de discipline. Si vous voulez vraiment changer votre vie, changer vos habitudes, apaiser votre monde, vous ne le ferez pas en accumulant les changements sur un seul jour, ou même un seul mois. Si vous vous rendez compte, un jeudi 17 avril, que vous ne faites plus [telle activité que vous aimez] ou que vous n’êtes pas assez [telle qualité que vous aimeriez développer], mettez ce changement en marche dès ce moment, même si ce n’est pas un début de semaine ou un début de mois. Ce n’est qu’en vous habituant au changement que vous parviendrez à épouser ce mouvement d’évolution constante qui nous caractérise. Alors, le 1er janvier, vous pourrez écrire des résolutions telles que « continuer à progresser dans [telle activité] », « continuer mes efforts pour devenir plus [qualité qui vous fait défaut] », et au milieu de tous ces changements réalisables – parce que déjà en partie réalisés –, vous pourrez mettre quelques nouveautés, sans vous fixer de rythme pré-établi. Et quand vous regarderez vos résolutions de l’année précédente, vous aurez la satisfaction de voir que, même si elles ne sont pas encore devenues des habitudes régulières ou quotidiennes, le changement est en marche.
Mardi 7 janvier, 14h13. Alors que je suis de retour au bureau, en train de travailler sur ma thèse (enfin!), je reçois cette photo, prise à l’argentique par un ami parisien avec qui j’ai pris un café (un thé pour moi, bien entendu) en décembre. Je l’adore donc je la mets là.
Jeudi 9 janvier, 16h. Malheureusement, la vie me rattrape vite, et je dois encore mettre ma thèse de côté pendant quelques jours pour préparer des cours (l’enseignement aura ma mort). Au second semestre, je donne un cours d’histoire littéraire du XXe siècle, et comme je suis dixneuvièmiste, je dois potasser mon sujet. 🙄
Mardi 21 janvier, 11h58. On fait un saut dans le temps, parce que j’ai fait des milliards de choses ce mois-ci mais que je n’ai pas pris une seule photo. Ce jour-là, après avoir passé le weekend à me gaver de frangipane (mon ami a trouvé une frangipane au calisson, c’était un des mets les plus incroyables de ma vie, gros cliché de sudiste mais on ne se refait pas), je retrouve une autre amie pour déjeuner. Elle m’emmène à son stand préféré du marché quotidien, celui tenu par un couple de libanais qui font des sandwichs aux falafels et autres délices.
Samedi 25 janvier, 11h38. On termine cette lettre avec le weekend que ma sœur a passé chez moi, pendant lequel l’on a fait non pas un, mais deux footings. Ce matin-là, après avoir couru tout autour du centre-ville, on s’offre un brunch dans un de mes cafés préférés de la ville (on y trouve des matcha latte absolument délicieux). Le soir, on regardera Benedetta, mais on a trouvé ça très nul donc je vous passe le détail.
C’est tout pour mon hiver un peu chaotique et plein de changements (positifs). Je vous laisse avec ce tableau, découvert ce mois-ci et que je trouve très beau :
Littérairement vôtre,
Ève
(Maintenant j’arrête de raconter ma vie sur Internet et je retourne à la préparation de ma crémaillère.)
Voir ma vidéo YouTube : Mes 10 meilleures lectures de 2024.
Voir mon article : Nosferatu, un nouveau Twilight ? 🧛🏻♂️
Par “adultes”, j’entends toute personne ayant au moins dix ans de plus que moi.
Bonjour Ève, j’espère que tu vas bien. Grâce à ta recommandation, j’entame Le désespéré. Que de lignes sublimes sur les quelques seules premières pages ! Merci !
Merci !